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Faut-il regretter sa chirurgie esthétique ?

15 septembre 2022
regret

On lit très souvent dans les journaux étiquetés people mais aussi dans des revues écrites pour les femmes de tous âges : Telle actrice ou participante célèbre de télé réalité, regrette sa chirurgie esthétique qu’elle n’aurait jamais dû réaliser !

C’est aussi le cas des stars ratées du bistouri ou de la seringue à injections, car « les stars ratées de la chirurgie esthétique » représentent un très grand nombre de clics sur Google : 137000 par jour !
Donc l’esprit de nos contemporains est porté par la curiosité de la malfaisance du bistouri, à la recherche du scandale salace ; après tout, ces stars sont des êtres humains ; cela fait du bien aux lecteurs ou aux lectrices de constater que nul n’échappe à la dure loi de l’échec, qu’il s’agisse d’amour ou de chirurgie esthétique !

Quelques cas récents:

Emmanuelle Béart a ouvertement reconnu qu’elle avait fait une grosse bêtise en se faisant gonfler les lèvres en 1996 : Tout le monde s’en était aperçu, elle était raillée sur les plateaux, et pour nous chirurgiens esthétiques, nous ne cessions d’entendre nos patientes nous supplier :” surtout pas comme Mme Emmanuelle Béart !!”
Cela a aussi été le cas du supposé lifting de SHEILA, qui semblait tellement tirée par un mask lift qu’on se demandait si elle arriverait à ouvrir la bouche… Elle a terrorisé nombre de candidates à un lifting cervico-facial…
Heureusement le temps efface bien les séquelles, mais le… vieillissement permet le rattrapage des erreurs passées dans la plupart des cas.
Pourtant dans mon expérience si un lifting n’est pas pratiqué avec des vecteurs satisfaisants, ce vieillissement n’est pas homogène ; des déformations préexistantes subsistent; cela rend la réparation plus difficile, mais elle reste possible en matière rattrapage de lifting ou d’une opération des paupières: En matière de lifting, parce qu’on peut agir sur le SMAS(système musculo-aponévrotique superficiel de la face, structure anatomique que j’ai personnellement décrite en 1974, avec un groupe de collaborateurs et de collègues français brillants, sous l’impulsion du Pr Paul Tessier, célèbre chirurgien français qui a inventé la chirurgie crânio-faciale; cette dernière chirurgie permet de corriger les malformations crânio-faciales et aussi de réparer les fracas de la face et du crâne qui étaient extrêmement fréquents lorsque la ceinture de sécurité n’avait pas encore été imposée ni obligatoire.

Quelles sont les chirurgies esthétiques les plus ratées selon les médias ?

1) les lèvres trop injectées par de l’acide hyaluronique, et auparavant par de la silicone liquide, puis par du collagène de bœuf. Le résultat en est une bouche de poisson extrêmement remarquable dans le sens où c’est trop visible- mais certaines femmes des pays de l’Est en raffolent et en veulent toujours plus sans se soucier du caractère artificiel que cette exagération confère; heureusement l’acide hyaluronique se dissout en 18 mois à 2 ans; on peut arrêter le processus par des injections de hyaluronidase(mais alors tout ce qui a été injecté disparaît) ou par l’application locale de Topilase, traitement qui a été mise au point par la médecin esthétique française Sandrine Sebban.
2) les lifting cervico-faciaux trop tirés, mal effectués car les vecteurs ont été réalisés dans un mauvais sens; il a fallu de nombreuses années et une courbe d’apprentissage pour chaque chirurgien esthétique pratiquant des liftings pour comprendre comment réaliser l’opération d’une façon telle qu’elle paraîtra naturelle pendant les 15 ans qui vont suivre ; l’action rajeunissante de cette intervention est magnifique, à condition de ne pas tirer seulement la peau à outrance, mais aussi d’y associer une action précise sur le SMAS dont nous venons de parler.
3) certaines opérations des paupières inférieures ou supérieures peuvent entraîner des déformations donc le bien connu ectropion : il consiste en l’éversion de la paupière inférieure ; on a affaire alors un véritable regard de Frankenstein… Heureusement il existe des solutions de rattrapage très au point.
4) les lipofillings sont actuellement très à la mode, car ils permettent de restaurer les volumes du visage émacié par le temps qui passe ; il est possible aussi d’augmenter la poitrine d’une jeune fille trop plate ou de refaire complètement un sein après cancer sans implanter de prothèses mammaires dans les cas où la patiente a des réserves de graisse. Mais ces lipofillings sont aussi source de certains ennuis, y compris des cas mortels dans les lipofillings de très gros volume ;
Cela a surtout vrai lorsque le chirurgien veut regonfler des fesses trop plates en utilisant la graisse qu’il prélève au niveau du ventre ou de la culotte de cheval. Il est indispensable que cette graisse soit replacée sous la peau et non pas dans le muscle fessier à cause du risque d’embolie graisseuse qui peut être mortelle. On en lit régulièrement les Echos néfastes chez les patients qui vont se faire opérer à l’étranger pour payer moins cher cette opération-sans imaginer qu’ils ou elles reviendront en cercueil…
5) les prothèses mammaires en gel de silicone ont fait la une des médias tous les 10 ans, à cause des complications qui était liées soit un gel trop huileux dans les années 1980 1990, soit à cause du scandale PIP: Le fabricant utilisait parfois du silicone d’aviation pour remplir les poches siliconées, avec des dégâts considérables et des nécessités de reprise chirurgicale: Heureusement l’État français à consenti à subventionner ces reprises ce qui a permis de soulager et de traiter plusieurs milliers de patientes qui étaient concernées.

En définitive, il faut reconnaître qu’aucun chirurgien, quel que soit son expérience, la qualité de sa pratique, son sérieux opératoire n’est à l’abri d’un aléa thérapeutique ; c’est pourquoi nous devons fournir aux patients le maximum d’informations y compris celles des complications avant l’acte opératoire.
Heureusement en France nous avons la culture des opérations plutôt invisibles mais efficaces ; contrairement à certains pays tels le Brésil ou les États-Unis, oui il faut que la chirurgie esthétique pratiquée se voit immédiatement pour pouvoir parader et ainsi affirmer qu’on a les moyens financiers pour entretenir ce corps que l’on supporte.
La tendance à la démocratisation de la chirurgie esthétique est un moyen fort pour éviter ces excès; en effet, la grande majorité silencieuse des patients qui se font opérer souhaite que l’intervention aie des effets subtils et pas trop remarquables, qu’il s’agisse de l’environnement du travail, ou même du cercle familial: Que de fois n’ai-je pas eu plaisir d’entendre une patiente me dire après l’opération : “Docteur mon mari n’a rien remarqué!“, mais j’ai bien cru discerner un petit regret dans ces propos, car en vérité, à quoi bon se faire opérer si personne ne remarque rien ? Satisfaire son narcissisme personnel devant le miroir, oui , mais un compliment type “Tu as bonne mine en ce moment“, ça fait vraiment du bien !

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