Petite historique
Mon expérience de l’augmentation des fesses par lipofilling date des années 1980; en effet déjà à cette époque la technique du lipofilling avait été utilisée par Yves Gérard Illouz l’inventeur de la liposuccion; cette méthode a été appliquée assez rapidement aux pertes de substance et de volume au niveau des membres inférieurs et supérieur à la suite d’un traumatisme, notamment à l’hôpital Boucicaut à Paris où nous avions un grand nombre de blessés pour lesquels une demande de réparation sophistiquée se faisait jour; par exemple les pertes de substance du mollet à la suite d’une atrophie à cause de la poliomyélite étaient traitées grâce aux remarquables implants siliconés spéciaux inventé par le docteur Julien Glicenstein; mais dans certains cas ces prothèses n’étaient pas suffisantes pour une réparation parfaite; il fallait les compléter par des greffes de graisse autologue qui au départ étaient appelées de la liposculpture avant de devenir lipofilling.
D’autres équipes notamment l’équipe du professeur Mimoun de Paris ont beaucoup développé le lipofilling dans le cadre de la réparation des atrophies faciales à la suite de la trithérapie chez des patients HIV plus.
Augmenter des fesses ?
Il nous est arrivé épisodiquement d’avoir également à réparer des pertes de substance sous-cutanées au niveau des fesses ou au niveau des cuisses, et même dans certains cas d’avoir à retoucher des liposuccions qui avaient laissé des irrégularités en profondeur et en sous-cutané.
Aussi cette technique a beaucoup évolué dans le temps avant de s’imposer aussi bien dans la chirurgie réparatrice après cancer du sein, après qu’elle fut été validée par des statistiques importantes démontrant que cela ne comportait pas un risque cancérigène.
Les techniques de centrifugation proposées par le chirurgien américain Sydney Coleman ont été suivies en France par les travaux du professeur Guy Magalon de Marseille qui fut également l’initiateur de petites greffes graisseuses aboutissant à la technique des nanofat.
Personnellement, j’ai eu des patientes demandant que l’on réinjecte au niveau de la partie supérieure des fesses un peu de la graisse que l’on enlève au niveau de l’abdomen ou de la culotte de cheval.
Mais en réalité la demande forcenée d’augmentation des fesses date de l’époque de Kim Kardashian, vedette de la téléréalité, qui a imposé cette norme de beauté à un grand nombre de patientes d’origine ethnique spécifique, mais pour lesquelles obtenir un fessier rebondi était un gage de satisfaction personnelle et de séduction.
Des accidents rares mais graves
Un grand nombre de collègues se sont alors spécialisés dans l’augmentation fessière par liposuccion associée parfois à la mise en place d’implants siliconés fessiers pour obtenir un aspect de femme hottentote…
Malheureusement les techniques d’injection massive au niveau des fesses ont aussi donné des graves complications quand par mégarde le chirurgien a injecté des lobules graisseux dans les veines fessières qui sont relativement volumineuses. Il en est résulté des embolies graisseuses qui ont pu entraîner la mort d’un certain nombre de patientes et des procès retentissants s’en sont suivi.
Prudence dans les greffes de graisse dans la fesse
Ma pratique personnelle est plus limitée dans ce domaine mais dans mon expérience le comblement de déficience volumétrique au niveau de la partie haute ou latérale des fesses revêt un grand intérêt ainsi que la correction secondaire de liposuccions qui ont entraîné un vide sous-cutané ou des vagues au niveau des cuisses ou de l’abdomen.
Il faut bien prendre garde à la technique utilisée pour ne pas injecter de tissu graisseux dans le muscle fessier lui-même, mais plutôt en sous-cutané superficiel et profond pour éviter les complications de perforation vasculaire et d’embolie graisseuse.
Les techniques de préservation de la Graisse à injecter
Actuellement la technique de préservation de la graisse que l’on veut injecter s’est beaucoup simplifiée ; la majorité des auteurs préconise une simple décantation ou un lavage parfois avec une instrumentation spécifique.
Un collègue allemand propose de stocker la graisse dans des conditions spéciales pour pouvoir réinjecter en plusieurs fois, sans avoir à refaire de prélèvements sur la patiente- mais cette technique reste encore confidentielle.
Ainsi dans la majorité des cas, quelles que soient les techniques d’injection de la graisse, on constate une survie de l’ordre de 30 à 40 % du volume injecté primitivement ; il faut alors attendre au moins 4 mois avant de pratiquer une deuxième injection pour parfaire le résultat.
Le lipofilling mammaire est le plus utilisé actuellement pour reconstruire un sein après un cancer, mais l’augmentation de la taille obtenue est d’environ un demi bonnet de soutien-gorge par session. Peut-être que la Cryo préservation de la graisse enlevée au cours d’une seule opération évitera de faire un second prélèvement, mais ce n’est pas le problème essentiel.
Un collègue américain astucieux, le docteur Roger Khoury, a même développé une technique de méga injection de graisse dans les seins en dilatant au préalable la peau des seins par une sorte de ventouse extérieure.
Il en est de même bien entendu quand on fait des augmentations de la fesse par injection graisseuse. La qualité du geste chirurgical, sa minutie, la répartition harmonieuse de la graisse injectée sont les conditions essentielles pour obtenir un bon résultat stable. il faut aussi ajouter le fait que si la patiente grossit de plus de 5 kg, le tissu graisseux qui a été implanté va également subir une augmentation de volume;, il faut donc une grande prudence et une grande expérience pour bien calculer la quantité de graisse à mettre en place, afin d’obtenir le meilleur résultat, des formes optimales et une satisfaction de la patiente à long terme.