Quoi de neuf en augmentation mammaire en 2024?
Une récente étude sur les méthodes d’augmentation mammaire aux États-Unis conduite par les docteurs Michel Stein et collaborateurs, associant des équipes de New York Chicago et Toronto a été publiée dans le plastic et reconstructive surgery journal de décembre 2023;
Cette étude rétrospective sur un grand nombre de patients opérés par trois équipes chirurgicales a montré que la majorité des augmentations mammaires aux États-Unis et au Canada était encore pratiquée de la façon suivante:
1) les prothèses les plus utilisées sont en gel de silicone avec une paroi extérieure en feuilleté de silicone lisse; les prothèses micro texturées ne sont plus le premier choix et sont en nette diminution depuis 2021;
2) la majorité des patientes opérées présentaient également une petite ptose mammaire, c’est-à-dire des seins un peu tombants: En effet la majorité des patientes sont effectivement opérées après l’âge de 30 ans et non pas dans l’adolescence, ou dans leur prime jeunesse;
3) l’incision la plus utilisée est l’incision sous mammaire dans le pli situé sous le sein(70 % des cas), alors que l’incision périaréolaire n’était utilisée que dans 24 % des cas;
4) le placement des prothèses (qui devient tendance devant le plan musculaire du pectoral, Tout du moins en Europe et sur la côte ouest des États-Unis) n’est pas celui qui est le plus utilisé: En effet, la majorité des cas d’implantation se fait en arrière du muscle pectoral.
Cette étude démontre l’influence importante de la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis, qui réglemente d’une façon plus ou moins explicite les bonnes pratiques chirurgicales outre Atlantique.
Cette étude a concerné l’évolution des méthodes chirurgicales pour l’augmentation mammaire depuis les 16 dernières années;
Toutefois, il me paraît nécessaire de faire plusieurs commentaires:
1) les prothèses micro texturées sont encore très utilisées en France sauf celle de la marque allergan; en effet il semble que le nombre de coques réactionnelles reste plus faible en utilisant ces prothèses dont la paroi n’est pas lisse mais vallonnée d’une façon quasi fractale;
2) les incisions choisies dépendent des habitudes de chaque école chirurgicale et de chaque opérateur; personnellement je suis partisan de l’incision axillaire dans les plis horizontaux du sommet de l’aisselle car cette incision devient invisible dans 90 % des cas après 6 mois; mais elle est techniquement beaucoup plus difficile, et expose à un risque d’hématome si le décollement est brutal et non contrôlé pour créer la poche d’insertion de la prothèse.
3) le placement de la prothèse en rétro musculaire expose au risque de la valse des prothèses qui sont remontées vers la clavicule lorsque le muscle pectoral se contracte; il est donc nécessaire de décoller le muscle pectoral des côtes inférieures, ce qui explique l’utilisation de ce qui s’appelle le dual plan: La partie basse de la prothèse n’est plus couverte par le muscle pectoral mais repose directement sous la peau sur le sillon sous mammaire; ceci peut rendre perceptible la prothèse si la peau est fine.
C’est pourquoi je reste un amateur inconditionnel du placement de la prothèse en prémusculaire pour éviter l’inconvénient de ce déplacement inesthétique des implants mammaires au cours des contractions musculaires du thorax. Le placement rétro musculaire ne se justifie que dans les cas où il existe une aplasie mammaire totale, c’est-à-dire complète absence de tissu glandulaire mammaire ,qui ne peut paz cacher la prothèse située en dessous.
4) il n’est pas fait mention de cette étude des travaux récents d’un chirurgien français le docteur Éric Auclair récemment disparu malheureusement: Ce chirurgien brillant a décrit l’augmentation mammaire hybride, qui consiste à ajouter un lipofilling(ou greffe de sa propre graisse) dans les tissus qui entourent la prothèse afin d’en masquer les contours et d’ajouter un bénéfice biologique à la cicatrisation interne après l’opération; cette technique est maintenant validée, mais n’est pas utilisable dans tous les cas car toutes les patientes n’ont pas une réserve de graisse suffisante; il faut aussi comprendre que la graisse qui est injectée n’est pas mise en contact direct de l’implant mammaire car elle ne survivrait pas, mais bien dans les tissus qui entourent la cavité de la prothèse, afin que des vaisseaux sanguins puissent nourrir les adipocytes transplantés.
Ce qui est remarquable en matière de prothèse mammaire et qui n’est pas explicité dans cette étude, est la durée de vie des implants que les fabricants mettent sur le marché depuis les années 2000: En effet on constate que la nécessité d’un changement de prothèse n’est plus au maximum après 10 ans , mais dans certains cas peut aller jusqu’à 20 ans après l’implantation; cela nécessite des examens cliniques réguliers de surveillance, et également des mammographies numérisées ou parfois des scanners ou des IRM pour déterminer la nécessité d’un changement des prothèses mammaires, même s’il n’y a aucun signe extérieur d’anomalie ou de complication.