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29 octobre 2024
staff en chirurgie esthetique
staff en chirurgie esthetique

staff en chirurgie esthetique

À quoi sert le staff en chirurgie esthétique ?

Le staff est un mot anglais qui veut dire réunion ; il s’agit bien entendu d’une réunion médicale réunissant soit des collègues médecins ou chirurgiens, soit d’une assemblée où se rassemblent des médecins, des infirmières, ou des spécialistes divers, situation fréquente dans les services hospitaliers, où souvent sont admis des étudiants en médecine ou de jeunes collègues.

Quel intérêt présente le staff pour le patient?

L’intérêt du staff est qu’il permet de confronter des opinions diverses concernant un problème évoqué par un patient ; à cet effet, il faut que ce patient soit examiné et qu’il accepte cette réunion pluridisciplinaire qui peut présenter un caractère assez intrusif et donc psychologiquement pas si facile que cela.

Le staff de chirurgie plastique des anciens de l’équipe Raymond Vilain, dirigé par Vladimir Mitz

Ainsi, le staff des chirurgiens plasticiens de l’hôpital Boucicaut, est depuis plusieurs années, organisé avec les anciens élèves puis assistants et maintenant collègues brillants.
Ce staff mensuel consiste à examiner un patient qui pose des problèmes difficiles de chirurgie esthétique ou réparatrice pour lesquels il y a plusieurs solutions thérapeutiques possibles ; chaque membre de ce staff peut convoquer un, deux ou trois patients à cette occasion, quand il le juge utile.
Le staff a lieu dans une clinique ; il est totalement gratuit ; il peut aussi avoir lieu dans un cabinet d’un des chirurgiens, si la clinique est indisponible.

Le patient est prévenu que plusieurs spécialistes vont l’examiner ; chacun des spécialistes présents donne alors son avis et ses conseils opératoires en les justifiant devant le patient après l’avoir examiné ; puis le chirurgien senior va faire la synthèse de toutes les solutions ; le patient aura alors un délai de réflexion pour retourner voir le chirurgien qui lui a conseillé de venir au staff, afin de subir ou non l’intervention qui lui a été proposée.

Une information réciproque

Il est important que lorsque celle-ci a été effectuée, le chirurgien concerné rapporte à son groupe les résultats qu’il a obtenus afin que nous profitions tous de l’expérience de chacun.
L’intérêt de ce staff est qu’il permet aussi de désamorcer certaines situations conflictuelles ; chacun d’entre nous peut rencontrer des difficultés pour se faire comprendre d’un patient un peu hésitant ou avec lequel il n’y a pas eu de consécration d’une satisfaction à la suite d’une première intervention.

Une absolue confraternité!

Une totale confraternité est de mise ce qui n’est pas le cas le plus fréquent, quand des patients vont naviguer d’un chirurgien à l’autre pour obtenir un avis contradictoire : Malheureusement beaucoup de collègues sont plutôt négatifs et ont tendance à incriminer le chirurgien qui vient d’opérer en le qualifiant parfois avec des adjectifs guère respectueux ou objectif!

Le fait que nous soyons en groupe permet de démystifier les conseils qu’on donne au patient; les conseils prodigués en toute bonne foi et sans considération financière sont mieux acceptés par celui-ci, puisqu’il s’agit d’un avis consensuel- même s’il existe des différences d’opinion sur la voie chirurgicale à tenir ou même sur l’absence d’indication opératoire; ce refus d’une opération supplémentaire est alors vécu comme une véritable décision collégiale, et donc très important pour que le patient puisse l’accepter et se contenter de son résultat déjà obtenu.

Une épreuve pour le patient concerné

Il s’agit évidemment d’une épreuve qui n’est pas facile pour le patient anxieux, mais du fait de sa gratuité et du professionnalisme des membres du staff, il apparaît qu’il existe une très grande satisfaction de la part des patients qui se sont adressés à nous et ont accepté de participer à cette confrontation.
Elle n’a qu’un seul objectif : aider au mieux le patient pour qu’il puisse déterminer quelle est la conduite à tenir la plus raisonnable, la moins onéreuse et la plus consensuelle dans son cas.

11 janvier 2023

La cigarette dermique, une méthode de réparation des cicatrices en creux

Compte tenu de l’évolution rapide des techniques de chirurgie et de médecine esthétique, qui visent à combler des pertes de substance sous-cutanée par des traitements volumateurs, il m’a semblé intéressant de rapporter une technique que j’avais mise au point et publié en 1978, méthode qui repose sur l’utilisation des tissus adjacents au creux cicatriciel, et qui m’a donné constamment de bons résultats ainsi qu’à ceux qui l’ont pratiqué;
Le titre de l’article était:Intérêt d’une méthode de réparation des dépressions cutanées et sous-cutanées par la technique de la cigarette dermique;
Ann Chir Plast
. 1978;23(2):103-7.
[Treatment of cicatricial depressions by skin autoplasty: the “skin cigarette”]
[Article in French]
V Mitz, B Lorenceau, R Vilain

Historique

Au cours de mon séjour aux États-Unis auprès du professeur Milliard dans les années 1974-5, j’avais vu celui-ci pratiquer une technique astucieuse lorsqu’il y avait une dépression cicatricielle: Il incisait  la peau de chaque côté de la cicatrice en enlevant l’épiderme cicatriciel brillant et mince; il décollait de chaque côté les tissus sains pour les resuturer par-dessus; en recréant  le tapis dermique dont il avait enlevé la couche de surface épidermique: Il gagnait ainsi une surépaisseur sous la nouvelle cicatrice, créer en ce que l’on appelle dans notre jargon une double autoplastie par glissement. Des élèves et collègues à lui (les dr Carlin et Gordon de Miami) avaient utilisé une technique approchante pour réduire les rides du lion…mais au prix de cicatrices parfois bien visibles…

Je gardais cette technique dans ma mémoire, je me suis demandé comment améliorer et augmenter l’épaisseur de la reconstruction sous la cicatrice.
L’idée de constituer une cigarette dermique par enroulement du tapis dermique me vint à l’esprit, mais il fallait pour que cela marche que la vascularisation en profondeur de la cigarette reste conséquente, et que la suture des berges cutanées saines au-dessus de cette cigarette puisse s’effectuer sans trop de tension.
J’appliquai cette méthode dans plusieurs cas de séquelles de cicatrice de césarienne horizontale, et après aussi péritonite appendiculaire avec des cicatrices élargies qui complexaien t les patientes: Le résultat de cette amélioration technique fut remarquablement bon, ce qui m’encourage à la publier dans les annales de chirurgie plastique française, revue qui en fait était déjà confidentielle, sans diffusion dans le monde anglo-saxon, mais qui présentait l’intérêt d’accepter des publications de jeunes chirurgiens comme je l’étais à l’époque.

Principe de la technique
Le fondement de la technique repose sur le fait que les vaisseaux sanguins pénètrent la partie profonde de la cicatrice et que ces vaisseaux seront suffisants pour vasculariser le tapis dermique qui sera enroulé sur lui-même; l’expérience a montré qu’il se produisait une néovascularisation en profondeur du tapis dermique; on peut alors décoller les bords de ce tapis pour générer une sorte de cigarette dermique qui va augmenter le soubassement de la future cicatrice obtenue quand on va rapprocher les berges cicatricielles résiduelles.

Réalisation de l’opération
Cette opération peut-être et pour résoudre un problème inesthétique de petite dimension, telle une cicatrice de trachéotomie, ou une cicatrice de césarienne non satisfaisante car élargie; mais de bien plus longue cicatrice peuvent-être réparées avec cette méthode avec une grande satisfaction, à condition que la peau de part et d’autre de la cigarette dermique puisse être adossée et suturée sans une tension excessive.

Résultats de l’opération
Depuis 40 ans des centaines de patients ont été opérés avec cette technique, par moi-même ou par des collègues qui ont après cette méthode originale; leurs commentaires ont été que la satisfaction des patientes a été obtenue de façon pratiquement constante.
On peut donc conclure que cette méthode, lorsqu’elle est bien indiquée, représente une solution intéressante pour diminuer les creux cicatriciels, qu’elle est naturelle et écologique sans nécessité ni injection volumatrice ni des lambeaux compliqués ou des techniques trop complexes par rapport à une solution aussi simple.