Chirurgie esthétique,la médiatisation, ses bienfaits et ses effets pervers.
La Chirurgie esthétique,la médiatisation, ses bienfaits et ses effets pervers sont à l’ordre du jour.
.On a vu récemment dans la presse et la télévision (TPMP),la polémique concernant un chirurgien esthétique français très brillant qui a été accusé de n’avoir pas bien traité quelques-unes de ses patientes de la téléréalité.
J’ai traversé personnellement également plusieurs phases de médiatisation, car étant chirurgien réparateur dans un hôpital public où j’ai développé la chirurgie esthétique pour la démocratiser, j’en suis devenu un personnage représentatif : jeune, dynamique, vulgarisateur dévoué des nouvelles techniques de la chirurgie esthétique ;
Les journalistes aimaient bien m’ interviewer, car j’avais une parole précise, concise, et très imagée pour faire comprendre les mécanismes chirurgicaux et biologiques qui étaient en jeu.
Mais cela a suscité beaucoup d’opprobres auprès de mes confrères. Je n’ai pas tardé à être ostracisé dans le cadre de nos sociétés savantes.
Mais je n’ai jamais regretté mes explications ni ma présence sur les plateaux radio et télévisés.
Toutefois , progressivement avec l’expérience aidant, je n’acceptais ces missions qu’après avoir réfléchi longuement au message qu’il s’agissait de délivrer, et à l’image que j’allais donner de ma spécialité , un peu chevelu au départ , puis rapidement dégarni, mais jamais confus.
Quels sont les bienfaits d’un passage télévisé?
À l’évidence la notoriété qui est acquise a un effet démultiplicateur momentané sur le nombre d’appels téléphoniques. Mais est ce que cela représente un « boost » important pour le nombre de patients qu’il sera donné à opérer?
Dans mon expérience, cette notoriété est plutôt transitoire et factice ; cela entraîne à consulter des patients peu motivés, mais esclaves des modes, hésitants et parfois incapables de supporter sereinement une intervention toujours plus lourde qu’imaginée ; de plus , comme ils ne sont pas envoyés par le médecin de famille, beaucoup se nourrissent de rêves plutôt qu’à une conception précise de ce qu’ils peuvent espérer en réalité pour améliorer leur apparence ou état physique.
Donc la notoriété d’un chirurgien s’inscrit sur le long terme.
Pour moi le partenaire référent idéal est le médecin de famille ou les spécialistes en ORL en sénologie, en gynécologie, et en rhumatologie, du fait que je m’occupe d’opérer le visage, la silhouette féminine, et pratiquer la chirurgie de la main-ce qui entraîne naturellement des connexions avec ces spécialités.
Mais l’établissement de ces relations privilégiées avec les différents confrères soumis à plein de propositions des autres collègues de la spécialité, suppose un très long travail de relation professionnelle.
Le but ultime n’est pas de passer par les réseaux sociaux pour provoquer l’admiration ni l’enthousiasme, mais de donner une image de sérieux, de disponibilité professionnelle, et de compétence validée par des publications scientifiques.
Quels sont les inconvénients d’une scarification télévisée pour un chirurgien esthétique?
Parmi nos opérés, il y a toujours des patients insatisfaits ou des complications dont on est responsable, et que l’on regrette. Certains patients qui ont subi ces avatars seront profondément troublés par notre présence médiatique, ce qui peut les pousser à faire en retour une action en justice ou des réclamations financières, ou une mise à l’encan via une presse qui rôde pour exhumer les scandales affriolants.
Ainsi cette hyper visibilité médiatique, qui n’occupe qu’un moment dans notre tranche de vie professionnelle, peut devenir extrêmement préjudiciable en ligne. Un de mes éminents collègues, brillant chirurgien et homme sage parmi les sages, disait régulièrement « pour vivre heureux vivons cachés » !
Sans atteindre cette philosophie de la grotte sombre et secrète où se réfugie l’ego, il me semble qu’il y a une part de raisonnable dans une prudence étudiée devant les sollicitations médiatiques que nous sommes amenés à entendre.
De plus, du fait de la présence attentive et de la rigueur du Conseil de l’Ordre des médecins, et malheureusement de la jalousie patente des confrères dénonciateurs,il est formellement ‘interdit de présenter des patients en train d’être opérés, même avec leur accord.
L’acte chirurgical n’est pas un show télévisé. Mais nous pouvons démontrer des opérations via youtube dans des conditions de sérieux absolu, pour que des confrères de la même spécialité puissent prendre connaissance des innovations techniques que notre talent peut produire.
Quelle est l’intensité du sentiment moral et éthique chez le chirurgien esthétique?
Je ne peux parler ici que dans mon expérience personnelle et des élèves que j’ai été amené à former au cours de ma carrière. Ma certitude est que 95 % de mes collègues chirurgiens partagent cette idée de vouloir faire leur travail dans une très grande discrétion, avec une très grande application, et sans aucun désir de marcher sur la tête de leurs collègues pour avoir plus de patients, ce qui impliquerait d’avoir plus de complications statistiquement…
Mais il en est un certain nombre, notamment parmi ceux qui sont les plus jeunes et qui souhaitent accélérer leur chiffre d’affaires via une accélération de notoriété,ou pour des raisons purement égotistes, qui peuvent succomber à cette pulsion de devenir le général quand on commence à être devenir soldat.
Cela est d’autant plus visible à notre époque, où la starification d’un chirurgien passe par le fait qu’il opère des stars et des gens connus, qui sont susceptibles de leur renvoyer une image iconique.
C’est vrai que cela est un risque qui se trouve vérifié par des faits récents(TPMP du 5 mai 2022). Mais tant que ses collègues possèdent une formation technique satisfaisante, qu’ils jouissent d’une accréditation officielle valide, qu’ils sont responsables de leurs actes et de leurs complications, et qu’ils sont prêts à assumer les conséquences de leur hyper médiatisation, il faut reconnaître qu’ils donnent une image à la fois séduisante de notre spécialité.
Notre spécialité a une image écornée car la dimension mercantile et prosélyte de la chirurgie et médecine esthétique polluent celle d’une spécialité thérapeutique ; d’où la pulsion néfaste de l’état qui réclame une TVA à 20 % sur les actes médicaux en chirurgie esthétique !
Dans notre spécialité les mots les plus tapés sur Google sont “stars ratées”!!
En conclusion,
Il faut reconnaître que le public et les journalistes ont besoin d’avoir des informations fiables concernant la chirurgie esthétique plastique et réparatrice, dont les progrès sont constants.
La demande évolue en nombre en fonction de l’état économique de la nation, et de la pression profonde d’une société en quête d’hyper narcissisme.
La seule validation de la présence médiatique d’un chirurgien esthétique me paraît tenir dans sa capacité à informer sur les causes et aussi les complications des opérations qu’il est amené à réaliser. Pour le moment il n’a pas besoin de montrer que sa main ne tremble pas, simplement que son esprit est clair et qu’il respecte une éthique professionnelle intangible.
Traiter les Douleurs après chirurgie esthétique
Traiter les Douleurs après chirurgie esthétique ? c’est possible et même recommandé(loi kouchner antidouleurs, prescription d’anatlgiques par l’anesthésiste responsable)
Les Douleurs après une chirurgie esthétique peuvent être traitées !des solutions efficaces existent pour Traiter les Douleurs après chirurgie esthétique .
Une angoisse très fréquente chez les patients opérés d’une chirurgie esthétique concerne l’apparition de douleurs post opératoires insupportables dans les suites immédiates ou secondaires ;
POURQUOI UNE DOULEUR ?
Les causes physiques de la douleur sont parfaitement identifiées :
Il existe 3 étages de la production de la douleur dans les suites immédiates d’une opération de chirurgie esthétique : bien que le chirurgien compétent esquive les petits nerfs peu visibles par une dissection douce, il est parfois nécessaire de les sectionner pour décoller les tissus.
2) La transmission via les filets nerveux jusqu’à la moelle épinière puis le bulbe cérébral est la voie de la propagation du message douleur ;
3) L’interprétation du message douleur se fait au niveau sous cortical (cerveau automatique) puis cortical, avec un décodage très variable d’un patient à l’autre de l’intensité ressentie du message douloureux ; un patient pourra sursauter et hurler, un autre ne dira rien et endurera
En fait, L’apparition des douleurs est en général retardée après l’opération : Souvent les chirurgiens esthétiques dont moi-même utilisons une anesthésie locale ou régionale en plus de l’anesthésie générale : nous pratiquons une infiltration des tissus préalablement à toute incision par une solution diluée de lidocaïne adrénalinée ; la durée de cette anesthésie locale est de 4 à 6h post opératoire ;
UNE LOI KOUCHNER ANTI DOULEUR
Du fait de la loi antidouleur datant de la période Kouchner, l’anesthésiste a pour mission de prescrire des antalgiques et des anti-inflammatoires d’une puissance adaptée à l’opération qui a été pratiquée.
Mes recommandations sont d’utiliser plutôt au départ des antalgiques banaux (paracétamol 1 g) à répéter trois quatre fois par jour ; mais dans le cas où ce traitement est insuffisant, la patiente a pour indication de prendre les médicaments antalgiques plus puissants, parfois des morphinomimétiques en cas de douleurs très prégnantes, associés à des anti-inflammatoires.
DES DOULEURS PENDANT LONGTEMPS ?
Les Douleurs post opératoires peuvent perdurer une semaine, en s’atténuant progressivement ;
Je voudrai ici envisager les douleurs persistantes, devenant ainsi anormales, sortant du cadre des algies post opératoires banales.
1) La section d’un nerf sensitif important peut entraîner un névrome; c’est le cas de la section d’une branche nerveuse du plexus cervical superficiel au cours d’opérations de lifting où le chirurgien coupe par mégarde un rameau nerveux très peu visible; les douleurs de névrome sont caractéristiques, car il existe un point hyperalgique lorsqu’on touche du doigt le point nerveux blessé ou coupé, qui cicatrise en une sorte de petite boule très sensible dès qu’on l’effleure; ces douleurs névromateuses sont difficiles à guérir; elles peuvent imposer une reprise chirurgicale pour enfuir le névrome plus profondément dans un muscle. Une récidive est toujours possible ; dans certains cas une suture microchirurgicale a été tentée avec un certain succès, mais c’est beaucoup d’efforts pour un simple souci sensitif.
2) Les douleurs concernant la transmission médullaire des sensations douloureuses ont la caractéristique d’être augmentées au cours des changements de position de la colonne vertébrale ; leur amélioration implique un changement postural voir une rééducation par une kinésithérapie bien orientée. Cela peut être le cas à la suite de certaines plasties abdominales, où l’on a pratiqué un grand décollement et une mise en tension des nerfs sensitifs.
3) Le contrôle central des douleurs perçues :
L’interprétation de la douleur au niveau du cerveau est très variable d’un patient à l’autre ; certains ont une excellente tolérance aux douleurs, et les maîtrisent facilement ;
D’autres patients ne supportent absolument aucune douleur, celle-ci entraînant hyperactivité, angoisse voire même un état dépressif ; cette dépression s’installe subrepticement, augmente, perdure, et bousille le quotidien ; elles sont d’autant plus mal supportées qu’il existe déjà au départ un état dépressif latent. Dans ces cas, le recours à un psychiatre ou psychologue compétent sera indispensable pour que le sujet puisse dominer sa douleur le temps que celle-ci s’amende progressivement, par association de psychothérapie, rééducation et antalgiques qu’on diminue progressivement.
4) La complication post opératoire est la cause la plus fréquente des douleurs post opératoires
– hématome géant après des prothèses mammaires ou un lifting mettent les tissus en sérieuse distension : une reprise au bloc en urgence est à prévoir
– infection du site opératoire avec rougeur et chaleur, parfois écoulement purulent
– désunion de la cicatrice, à la suite d’une suture sous trop grande tension ;
Dans ces cas de complication post-opératoire, il faut d’urgence rappeler le chirurgien pour qu’il fasse un état des lieux et qu’il mette en route le traitement approprié qui peut aller jusqu’à une reprise chirurgicale en urgence.
En conclusion,
La chirurgie esthétique n’entraîne que très peu de phénomènes douloureux chroniques, insupportables ou dérangeants ; la panoplie des thérapeutiques est suffisamment large pour qu’un traitement adapté soit ajusté pour chaque patient, en fonction non seulement de la cause précise de la douleur mais aussi de la psychologie de celui qui doit l’endurer.
Le chirurgien esthétique doit traverser la peau qui est l’organe principal de la perception du monde extérieur : La multitude des filets nerveux sensitifs, et des récepteurs qui parsèment notre enveloppe cutanée explique que cela crée un inconfort qui en règle est transitoire.
Ce n’est que dans les rares cas où il existe une douleur prolongée et inhabituelle que le chirurgien devra rechercher une cause précise à cette souffrance, qui n’est exceptionnellement une création totale de l’esprit dérangé par le traumatisme opératoire, et qui peut être majoré par une insatisfaction devant le résultat obtenu.
Cette approche psychosomatique des douleurs subaiguës ou chroniques m’a été enseignée par mon maître le dr RAYMOND VILAIN, à l’hôpital Boucicaut à Paris : ce chirurgien génial, qui a crée SOS mains Boucicaut en 1976, nous avait plongé dans la microchirurgie réparatrice des membres en urgence ; « La main est le parking des angoisses » disait-il, frappé par le fait qu’une toute petite lésion d’un doigt pouvait entrainer la paralysie de tout un membre supérieur, dans une chaine émotionnelle imparable, confinant parfois à des positions hystériques, car la blessure du doigt n’était qu’un petit symbole au travers duquel tous les malheurs passés du patient se bousculaient en une dramaturgie impressionnante.
L’art et la chirurgie esthétique
On parle souvent du caractère artistique du chirurgien esthétique, comparant son adresse chirurgicale à la virtuosité que manifeste le peintre ou le sculpteur, maniant habilement son pinceau ou son burin.
C’est vrai que (comme dans une activité artistique), l’expérience du chirurgien conduit à une forme de plénitude du rendu chirurgical, comparable à un tableau de la Renaissance aux belles formes harmonieuses, et aux couleurs chatoyantes.
Réussir l’opération du premier coup sans erreur!
Contrairement à l’artiste le chirurgien n’a pas le droit à l’erreur, bien que dans certains cas, il lui faille faire des retouches pour arriver à un résultat aussi parfait que possible; bien sûr; l’opération peut se prolonger, des petites retailles, reprises, modification des tissus sont parfois nécessaires pendant l’acte, mais une seule opération définitive est souhaitée par le patient super informé de nos jours, tolérant mal l’approximation et le retour au bloc pour reprise sous anesthésie.
Toutefois, comme dans l’art, le chirurgien esthétique connait l’inspiration du moment, ce qui rend son opération non pas aléatoire mais comportant un certain nombre de coups de bistouri variables dont le but final est d’arriver au résultat souhaité, non pas par un esprit chirurgical artistique, mais bien dans l’optique et le désir du patient demandeur d’une réparation d’un complexe.
C’est pourquoi on parle beaucoup plus d’une technique chirurgicale que d’un art de la chirurgie, bien que beaucoup de praticiens dans cette discipline se souhaitent intérieurement dignes d’un artiste et non point d’un moindre exécutant! Artisan plus qu’artiste, c’est ainsi que se voit la majorité des collègues en exercice.
Pourtant, à la différence fondamentale d’un artiste, le travail idéal du chirurgien esthétique est un rendu qui demeure INVISIBLE, Naturel, NON RETOUCHE!
Pas de félicitations glorieuses à attendre de ceux qui voient, remarquent ou critiquent un nez opéré d’évidence, ou un lifting si tendu que les oreilles se rapprochent du nez ou la bouche soit fendue en gueule de vieille carpe…
Une prédisposition génétique?
Un certain nombre de mes collègues sont issus de familles où il y avait un parent peintre ou sculpteur, designer ou publicitaire.
Ce n’était pas du tout mon cas;
Mon premier rapport à l’art est apparu bien tard quand j’étais étudiant en médecine, à la Faculté de Médecine des Saints-Pères à Paris.
Ce bâtiment hiératique, au fronton orné de sculptures célébrant la médecine antique, est situé en plein milieu des galeries parisiennes dévolu à l’art le plus moderne; c’est en me promenant dans ce quartier que j’ai découvert la beauté d’un tableau de Soutine, représentant la lune peinte à grandes flaques de blanc de zinc, en pleine nuit tourmentée parsemée de nuages éventés, tableau bien au-delà de mes moyens financiers à cette époque d’indigence pour moi; ce tableau qui m’a toujours fait rêver, était vendu dans une galerie spécialisée dans l’école de Paris dont la propriétaire, maligne, l’exposait en ayant changé le nom du peintre, pour éviter que l’œuvre ne soit volée par un amateur malhonnête!
Petit à petit, et dire que mes moyens me l’ont permis, j’ai acquis des œuvres de certains de mes patients qui, en tant qu’artistes me consultant par hasard, ont ressenti en moi une fibre artistique naissante, comme amateur d’art et non comme pratiquant.
Pratiquer un art pour éduquer l’œil et la main
Je me suis rendu compte cours de ces années que seule la pratique du dessin, et à moindre degré, de la peinture me permettait de mieux comprendre la qualité d’une œuvre artistique, et l’importance de la lumière reflétée par le corps humain ou par un objet: Cette constatation fondamentale a d’ailleurs beaucoup influé sur mes techniques de rajeunissement du visage chez les patients âgés, notamment en augmentant des volumes disparus au niveau des pommettes des joues ou des tempes;
C’est surtout la pratique de la sculpture sur le marbre ou sur des calcaires qui représente ma source de joie artistique la plus féconde, suivi par le dessin sous toutes ses formes; bien sûr la beauté de la femme et la volupté qu’elle dégage restent une source d’inspiration fondamentale, ce qui m’évite des pulsions disparates et plus ambiguës.
Finalement je ne considère pas les actes chirurgicaux comme une pratique artistique, mais la formation et l’exercice de l’art sont par contre un moteur fondamental dans mon analyse de chaque patient à opérer, et dans la prévision en 3D des volumes à améliorer à restituer ou à diminuer; l’exemple le plus frappant on est la plastie de réduction ou d’augmentation mammaire: Là où beaucoup de mes collègues ont besoin des ordinateurs ultra sophistiqués pour se représenter l’objectif final de leur intervention, j’ai développé une sorte d’instinct pour imaginer
les surfaces et les volumes à modifier pour parvenir au résultat idéal sans trop de perte de temps ni d’erreurs .
Par contre bien que j’apprécie l’art abstrait, celui-ci me semble plus difficile à intégrer en tant que substrat de pensée pour mon exercice de chirurgie au quotidien; je reconnais que la trouvaille de l’équilibre dans un tableau de Kandinsky, de Paul Klee ou des primitivistes russes est toujours une émotion forte, mais ne comporte pas d’arc-en-ciel d’inspiration pour la conception d’un acte opératoire, du moins en ce qui me concerne.
Chirurgien esthétique aimant l’art mais pas artiste total!
Je pense qu’il faut se méfier des chirurgiens esthétiques qui se considèrent comme des artistes; il y en a eu qui ont réussi cette double vocation, qui ont voulu faire des Expositions et VENDRE leurs œuvres comme tout peintre ou sculpteur en quête de renommée-en même temps qu’ils menaient une carrière chirurgicale; ce fut le cas du Suisse Rudi Meyer; mais on ne peut pas être grand en personnage dédoublé; beaucoup de mes collègues ont des talents de dessinateur ou d’artiste, comme feu mon ami Jacques le Pesteur, peintre de grand talent sous le nom de Boroffe; mais lui qui était un peintre extraordinaire, ayant étudié aux Beaux-Arts, ne voulait pas porter le même nom que le magnifique chirurgien qu’il était. Pourquoi?
Sans doute par une sorte de pudeur et par un instinct qui lui disait de bien séparer son activité professionnelle brillante, et sa pulsion artistique- pour laquelle il réservait une grande partie de son temps secret, s’ouvrant à des amitiés avec d’autres créateurs bien en dehors du monde du bistouri.
Mais l’art nourrit notre esprit scientifique, car être chirurgien, c’est être homme de technique, de raison, de cartésianisme auquel une bonne pincée d’instinct, de talent, d’inspiration, de doutes vient apporter son pesant d’or d’humanité et d’empathie.
L’irruption diabolique de la covid, en nous obligeant à porter des masques sur le visage, a diminué mon activité de chirurgie plastique réparatrice et esthétique;
Cela n’est pas le cas dans le monde entier, car au Brésil et aux Etats-Unis, beaucoup de patients ont mis à profit le temps du télétravail ou du confinement pour procéder à des opérations qui vont leur permettre d’être plus à l’aise dans leur nouveau corps, ou de profiter d’un visage rajeuni ou amélioré par la médecine esthétique: N’oublions pas que tous les matins nous nous regardons dans le miroir, et que le reflet de notre personnalité s’incarne dans un narcissisme qui ne tolère pas les nouvelles rides, les affaissement de la bajoue, la dégradation au niveau du cou, ou les seins qui s’affaissent, ou le ventre qui s’alourdit.
Pourtant cette période difficile présente deux avantages:
1) nous avons plus de temps pour soigner chaque patient et l’écouter avec attention, comprenant parfois des demandes subtiles et des réserves qui nous permettent de leur donner une bien meilleure information.
2) la nécessité d’une stérilisation minutieuse entre chaque visite, et l’accroissement
des précautions sanitaires dans le bloc opératoire des cliniques offrent une garantie de bien meilleure sécurité infectieuse.
Y a-t-il eu de grands progrès en matière de chirurgie esthétique en 2020?
Je me réfère aux publications internationales notamment dans le journal plastic and reconstructive surgery américain; le fait marquant me semble être l’accent qui a été mis sur l’utilisation des relais sociaux notamment instagram pour faire mieux connaitre le travail remarquable des médecins et des chirurgiens; la publicité médicale directe reste toujours interdite par le Conseil de l’Ordre en France, bien que des directives européennes semblent aller au-delà.
Les risques de la médecine esthétique ont aussi abordés:
– Risque de cécité par mauvaise infiltration d’acide hyaluronique dans la région orbitaire: il semble exister des possibilités inédites de pallier à ce drame en extrême urgence, par des injections ciblées de Hyaluronidase dans l’orbite;
– Risque d’embolie graisseuse par des injections intramusculaires de tissu graisseux au cours des lipofillings de la fesse, opération qui est devenue très demandée en Amérique du Sud, mais aussi en France: Le Conseil professionnel est donc d’injecter au ours du lipofilling uniquement au niveau de la région sous-cutanée superficielle et profonde, et d’éviter à tout prix de piquer dans les muscles fessiers très richement vascularisés, faisant craindre une pénétration veineuse malencontreuse, laissant ainsi filer les petits adipocytes dans le système veineux pulmonaire, ce qui entraine une embolie graisseuse gravissime, responsable de plusieurs morts répertoriés dans la littérature internationale.
Quels sont les progrès que j’ai moi-même réalisé en 2020?
– J’ai continué à améliorer la technique du microlift biplan au niveau du visage et du cou, ce qui permet de faire une opération beaucoup moins lourde que le grand lifting cervico-facial; mais celui-ci garde néanmoins des indications dès que la dégradation du visage devient importante;
– J’ai pu, au cours des remplacement de prothèses mammaires anciennes datant de 15 Ã 20 ans utiliser la technique du lipofilling au lieu de réintroduire de nouvelles prothèses ou en association avec cette technique; cela a été d’autant plus facile que certaines patientes avaient pris du poids après la quarantaine ou au moment de la ménopause;
– J’ai pu revoir avec satisfaction d’anciennes opérées de profiloplastie où j’avais inclus la bosse du nez dans le menton, opération qui est restée stable et satisfaisante jusqu’Ã 30 ans après l’intervention initiale; de même les patientes nécessitant une rhinoplastie secondaire, pour lesquelles j’avais fait une reconstruction du nez par une greffe osseuse prélevée au niveau de la crête cubitale ont constaté la stabilité de cette réparation, sans aucune déviation axiale comme peut l’entrainer une greffe osseuse costale.
– La combinaison de traitements esthétiques par injection de botox associée à l’acide hyaluronique en une seule session au niveau du visage: le botox a pour but d’éradiquer les rides du front, les rides du lion et de la patte d’oie;
En même temps des injections discrètes d’acide hyaluronique au niveau des lèvres, des pommettes, et des ridules de la lèvre supérieure et inférieure autorisent un rajeunissement global du visage tout en préservant un aspect naturel, sans lèvres en canard, ni pommette exagérément gonflées.
En conclusion, la demande en chirurgie esthétique et réparatrice bien que moins importante dans mon activité quotidienne m’a permis encore de progresser!
Les candidats à la chirurgie esthétique sont-ils un peu fous?
Un article récent paru dans une prestigieuse revue américaine tente d’analyser les traits de la personnalité, l’existence d’une anxiété, et l’importance de l’estime de soi chez 87 femmes dans une université mexicaine;
Cette étude a été conduite par des psychologues et des psychiatres sous la direction du docteur Del Aguila Flores, au Mexique, en utilisant les méthodes et les tests les plus modernes d’évaluation du psychisme;
L’idée générale était qu’une grande partie de la population qui a recours à la chirurgie esthétique possède des anomalies de la personnalité notamment sous la forme de TOC, ou bien de dysmorphophobie plus ou moins apparente.
De très nombreuses études précédentes mené par des psychologues des psychiatres avant une intervention de chirurgie esthétique, avaient d’ailleurs révélé que presque 10 % de la population qui s’adresse au chirurgien esthétique présente plus ou moins des anomalies de la personnalité; ce nombre extrêmement important n’est pas en soi inquiétant ou une contre-indication à la chirurgie dans la mesure où le taux de satisfaction finale des patients approche les 95 %;
Le caractère le plus redouté est le dysmorphic body disorder (BDD) il peut conduire au refus mental du résultat chirurgical avec parfois même une tendance à l’agressivité contre le chirurgien; chaque année plusieurs chirurgiens sont attaqués ou blessés par des patients mécontents à tort ou à raison!
Dans cet article dont nous parlons, la minutie les examinateurs a été extrême, car ils ont voulu établir une répartition des différentes typologies, ce qui confère un caractère très clair à leur étude;
- Les différentes typologies envisagées et repérées ont été:
- Les tendances paranoïdes, avec des patients très craintifs ou suspicieux
- Les tendances schizoïdes, avec de grandes anomalies de l’humeur et des variations d’humeur, caractérisant des patients adeptes de la pensée magique
- Les patients histrioniques, très extravertis, voulant se faire remarquer à tout prix
- Les patients antisociaux, repliés sur eux-mêmes, irresponsables, insouciants du droit des autres
- Les patients hyper narcissiques, manquant d’empathie, et voulant susciter l’admiration à toute occasion, pleins d’arrogance
- Les patients impulsifs à la personnalité explosive
- Les patients borderline difficiles à classer, très séduisants, mais avec un vide intérieur
- Les patients perfectionnistes, à la ponctualité excessive, psychologiquement rigides, hyper travailleurs
- Les patients hyper dépendants, au comportement soumis, et qui s’accrochent au médecin
- Les patients hyper anxieux, socialement inhibés , présentant un sentiment d’infériorité
Comme on le voit cette typologie a le mérite d’être très large ,et d’explorer plusieurs types humains;
Les conclusions des auteurs sont étonnantes: ils ont retrouvé beaucoup moins de caractères psychopathologiques que ce qui était précédemment publié ou indiqué!
Les personnalités histrioniques ont été les moins fréquentes, et l’anxiété a été ce qui fut le plus retrouvé dans les questionnaires.
Tous les candidats à la chirurgie esthétique n’ont pas été diagnostiqué aussi fous qu’on le supposait…
Ce qu’on peut critiquer dans cet article le faible nombre de l’échantillon de personnes examinées: seulement 87 questionnaires ont été retenus, en majorité de sexe féminin; il s’agissait de candidats à la chirurgie esthétique et non pas d’un échantillon tout venant et non pas des individus pris au hasard;
Enfin ces auteurs n’insistent pas sur un risque très important que nous rencontrons dans notre activité quotidienne: le dépistage de patients paranoïaques qui peuvent dans des circonstances diverses passer à l’acte et devenir violents, voire même de mutiler ou d’assassiner le chirurgien…
Le temps post Covid 19 n’est pas encore complètement serein!
Les opérations ont pu reprendre dans des conditions de sécurité acceptables, avec des précautions de distanciation de port de masque et de contrôle de présence du virus dans les voies aériennes avant toute opération chirurgicale;
La notion d’urgence chirurgicale et tout à fait relative quand il s’agit de chirurgie esthétique programmée;
Néanmoins, il faut reconnaître qu’une jeune fille qui a une malformation mammaire de type asymétrie ou seins tubéreux a du mal à comprendre qu’il faille repousser son opération alors qu’elle souhaite venez au plus vite une vie normale sens la douleur psychologique que représente anomalie insupportable de sa poitrine.
Certains patients qui présentent une gêne respiratoire à la suite de déviation de la cloison nasale ou une hypertrophie des cornets, souhaitent corriger au plus vite cette anomalie car le ronflement dérange le ou la partenaire; mais il s’y associe aussi un souci esthétique très souvent concomitant! Or il faut bien corriger les deux au cours de la même opération…
D’autres patient(e)s qui ont un blépharochalasis (paupière supérieure trop lourde qui gêne la vision) sont très pressés de subir une amélioration chirurgicale par l’ablation de l’excédent cutané et de la graisse interne à la paupière supérieure;
Les patientes qui ont subi l’ablation de leur sein après un cancer ne veulent pas passer l’été avec un sein en moins et l’autre trop lourd ou insuffisant: la chirurgie de reconstruction doit donc être effectuée au plus vite!
Il en est de même de certaines réparations après amaigrissement massif, prises en charge par la sécurité sociale, qui opérées avant ou pendant l’été vont permettre aux patients d’envisager une reprise de travail dans les meilleures conditions physiques et psychologiques, en profitant justement des vacances d’été pour se rétablir.
Quelles sont les précautions essentielles pour cette chirurgie esthétique à Paris en sécurité, par ce temps de coviD?
1- Être opéré dans un établissement de confiance où l’hygiène et les règles de sécurité sont strictement appliquées( comme à la clinique du Louvre à Paris où j’opère en confiance)
2- Pratiquer le test de dépistage obligatoire du COVID19 avant toute opération, notamment la recherche de virus dans le fond de la gorge et du nez
3- Subir une évaluation anesthésique pré-opératoire soit par visioconférence, ou mieux encore (comme c’est possible actuellement) par une vraie consultation qui permet de connaître le responsable qui va vous endormir
4- Être hébergé en chambre seule, malheureusement cela va coûter un peu plus cher
5- Essayer de sortir le jour même où le soir même pour éviter tout séjour prolongé dans l’établissement de santé
Surveiller votre température et l’état général dès votre retour chez vous
6- Le retour à la normale va prendre quelques mois, la chirurgie esthétique est une demande non urgente mais qui peut être désirée ardemment:: ce n’est qu’au cours d’une vraie consultation avec votre chirurgien que vous pourrez organiser méthodiquement votre opération, sans hâte mais aussi sans restrictions majeures depuis le déconfinement officiellement déclaré;
Le chirurgien esthétique éprouve une grande solitude
En cette période troublée où la gestion nationale des problèmes de santé en France laisse à désirer et ressemble à une déroute économique, il me paraît opportun de rappeler la grande solitude du chirurgien en salle d’opération en dépit de la présence de l’ anesthésiste, d’infirmières diplômées (IBODE), des aides opératoires et autres intervenants occasionnels.
Nous sommes seuls à tenir le bistouri, en fin de compte, même si un robot venait à s’intercaler entre la chair fragile du patient et nous. Ce n’est pas un jeu que d’opérer un être humain ni une partie de simulateur. Les avocats guettent nos ratés plus ou moins allégués par des patients habitués maintenant à la Google instantanéité.
L’impact négatif d’une éprouvante contrainte administrative
Les formulaires, procédures, checklists sont là pour éviter que nous fassions des erreurs grossières, mais tout autour des microbes et virus sont aux aguets comme des chasseurs de proie au cours d’un safari Africain! Les infections “nosocomiales” sont une menace permanente malgré des gestes de désinfections tatillons et tenant d’une véritable mythologie de la prévention!
La chirurgie esthétique réussie dépend des mains expertes et d’une bonne indication opératoire
En plus de la dextérité indispensable pour ouvrir prestement , opérer efficacement , recoudre joliment, il faut assurer une présence humaniste avant l’intervention, faire les bons choix techniques, absorber la courbe d’apprentissage et assumer les échecs post opératoires, décider les reprises opératoires parfois en urgence, rassurer les familles et rétablir la confiance en lui même et en nous d’un patient très méfiant devant les structures branlantes de notre système de soins.
La rémunération des actes médicaux et chirurgicaux est notoirement sous estimée par les pouvoirs publics
Le volet économique est désastreux, car les rémunérations qui faisaient autrefois la position d’un chirurgien et de son équipe n’ont pas été réellement réévaluées depuis 50 ans!
De notable autrefois, le chirurgien est devenu vulgaire prestataire de service , impliqué dans toute mauvaise évolution post opératoire , qu’on qualifie alors de conséquence d’un manque d’information préalable ou d’une perte de chance, ou de non respect du rapport bénéfice risque;
La chirurgie esthétique reste attractive en France où elle offre un espace de liberté et de dialogue
Néanmoins beaucoup de collègues chirurgiens de toute spécialité partent en retraite dès que possible, harassés de soucis qu’ils ne désirent plus assumer.
Pour ma part je continue d’opérer, car la chirurgie réparatrice et esthétique a ceci de particulier qu’elle concilie le désir de beauté et de grâce avec une nécessaire virtuosité technique qui en font une spécialité unique n son genre.
Leur vie parfois tragique mais qui passe par une période brillante peut devenir un modèle dans lequel un individu moyen rêve de trouver le chemin de la gloire et de la reconnaissance ;
Les tarifs en chirurgie esthétique et réparatrice sont entourés d’un halo se secrets et de mystère!