Un point sur la Chirurgie esthétique de la face ou esthétic facial surgery
Un livre remarquable a été publié en 2021 par Juarez M Avelar, un ami chirurgien esthétique au Brésil, paru aux éditions Springer, avec la contribution de 105 auteurs dont 3 articles par moi-même.
Ce livre est une véritable Somme sur toutes les techniques de lifting cervico-facial ou segmentaire, de blépharoplasties, d’augmentation de volume pour rajeunir le visage. Mais un bon quart du livre traite aussi des complications après lifting cervico-facial et des possibilités d’y remédier ; pratiquement toutes les controverses modernes sont abordées décrites par les auteurs eux-mêmes qui affectionnent tel ou telle technique spécifique. Ce livre est donc une mine de renseignements et d’enseignements.
Quelques articles sortent du lot car ils apportent quelque chose de nouveau et qui mérite d’être connu.
Bien sûr au début de l’ouvrage le docteur Avelar (qui fut l’élève de Ivo Pitanguy, le roi de la chirurgie esthétique au Brésil, lui rend un hommage appuyé.
J’ai personnellement contribué à ce livre en rédigeant l’historique de ma découverte du SMAS qui a permis de renouveler les techniques de lifting en agissant sur les plans profonds. Après avoir été vilipendé, cette nouvelle conception de la structure du visage a permis l’apparition de nouvelles techniques opératoires multiplans ; certes le suédois Tord Skoog, après d’autres chirurgiens du début du siècle, s’étaient déjà aperçus qu’un feuillet dissécable(individualisable) doublait la peau du visage ; mais c’est le génial Skoog qui osa et fut le premier à opérer les muscles peauciers du cou en les sectionnant pour les retendre.
Puis après ma découverte qui permettait de comprendre la structure et la fonction du SMAS dans sa globalité, c’est un chirurgien américain, John Owsley, de San Francisco qui suivit ma démarche anatomo-chirurgicale, ouvrant à tous les collègues une nouvelle voie opératoire ;
Je décris ainsi dans ce livre la technique du lifting biplan puis celle du microlift beaucoup plus léger qui permet de concurrencer la méthode des fils tenseurs qui est pratiqué par les médecins esthétiques.
Le professeur Avelar décrit quant à lui, entre autres chapitres, une technique de tunnelisation sous-cutanée pour éviter de blesser les vaisseaux sanguins et les nerfs de surface, ce en maniant les ciseaux ou le bistouri quand on décolle les tissus pour les retendre. C’est une tunnelisation née de la technique de liposuccion imaginée par Yves Gérard Illouz en France en 1978. Un peu comme dans les microlifts que j’utilise, Avelar ne coupe pas tous les ligaments suspenseurs de la face (ligaments de Furnas) mais les libère par une douce manipulation des canules afin de pouvoir retendre les tissus de surface, en associant une liposuccion de la moitié inférieure du visage. J’ai appelé cette dernière façon de faire “le lipolift” car je l’ai aussi beaucoup utilisé pour dégraisser la moitié inférieure du visage et du cou y compris au niveau des bajoues. Cette technique permet une rétraction cutanée d’environ 20 % et peut même parfois éviter d’enlever de la peau chez les patients jeunes.
Le docteur Claudio Cardoso de Castro (qui a été le premier à décrire les différentes variantes anatomiques des muscles platysmas du cou, responsables des fanons si marqués chez certains patients âgés) a rédigé un chapitre remarquable pour montrer comment il parvient à restaurer le contour du bas du visage.
Plusieurs chapitres sont consacrés au traitement spécifique de la distension du SMAS et des techniques de sa manipulation, incisions et rétention.
Mais j’ai trouvé un chapitre très important écrit par le docteur Luiz Toledo, un grand chirurgien plasticien contributeur de beaucoup de techniques innovantes en matière de silhouette plastie, et qui a écrit un article sur le lifting associé aux greffes de graisse (lipofilling), techniques volumatrices qui sont très à la mode en ce moment.
Je me souviens dans les années 1980 d’être allé à Rio de Janeiro et avoir présenté pendant le congrès national brésilien, le lifting rajeunissant et volumétrique devant un aéropage impressionnant, présidé par le professeur Pitanguy : Je décrivais alors l’augmentation faciale avec des fragments de SMAS et des injections graisseuses ciblées.
Le professeur Avelar n’a pas pu résister d’ajouter un article sur le lifting associé aux réparations des oreilles, car recréer une oreille à partir de presque rien est une de ses spécialités, marotte qui l’a poussé jusqu’à des reconstructions quasi parfaites.
Le docteur Tomas Nassif décrit sa technique astucieuse de lifting maîtrisé dans ce livre imposant.
Les complications des liftings, physiques et psychologiques sont abordées ; un chapitre concernant l’attitude réparatrice en cas de paralysie faciale iatrogène a été écrit par le grand microchirurgien et plasticien Fausto Viterbo.
Les traitements des paupières vieillissantes, par des blépharoplasties diverses, les liftings régionaux ou segmentaires sont présents dans l’ouvrage, et aussi les liftings purement endoscopiques sans cicatrices- mais alors aucune peau excédentaire n’est enlevée ;
Les traitements rajeunissants de la peau par des ondes de surface ne ne sont pas oubliés.
Ce livre existe aussi accessible par Internet pour les spécialistes ; il est rédigé en anglais. Je me permets dans ce court article résumant un ouvrage fondamental, d’ associer deux photos avant après, l’une d’un cas personnel après microlift, et l’autre après un lifting volumétrique pratiqué par le professeur Toledo.
Un livre donc qui fera date, ne serait-ce que par le nombre des contributeurs, et la variété des techniques présentées, toutes pratiquées avec une grande expérience et beaucoup d’objectivité.
Comblement et réparation des cernes et de la vallée des larmes:
Le Comblement et réparation des cernes et de la vallée des larmes sont à la une des préoccupations de patients encore jeunes et insatisfaits de leur apparence au niveau des paipières inférieures.
les signes négatifs
-creux sous les cils
-visage fatigué en permanence
-colorations bistre ou violacée qui va en s’accentuant
-poches sous les yeux
Une demande de correction peut alors faire surface; Parmi les différentes techniques, injections, laser, ultrafréquence, le bistouri prudent reste une arme efficace; mais quelle technique choisir ou recommander?
Chirurgie des paralysies faciales
Il existe des solutions réparatrices, beaucoup d’avancées modernes
INTRODUCTION
Les séquelles de la paralysie faciale sont connues depuis très longtemps; certains masques africains les représentaient déjà il y a des siècles!
Comprenez qu’il y a deux causes des paralysies faciales:
1) Une cause centrale, située au niveau du cerveau, à l’origine du noyau du 7e nerf crânien qui formera le tronc du nerf facial; toute atteinte cérébrale (anévrisme hémorragie tumeur ou projectile) entraînera une paralysie plus ou moins importante dans les signes seront massifs au niveau du visage. La paralysie siège alors au niveau du visage controlatéral à la lésion.
2) Une cause périphérique qui concerne le tronc du nerf facial, nerf moteur au trajet complexe qui passe par le rocher osseux pour sortir sous le crâne et traverser la glande parotide au niveau de la face; au cours de ce trajet des causes très variables peuvent entraîner une paralysie complète ou partielle du nerf facial; une atteinte virale peut ainsi créer une paralysie à frigore ;récemment on a rapporté que des patients vaccinés par le vaccin ARN Pfizer ont développé des paralysies faciales transitoires;
Dans le cas d’une cause périphérique, la paralysie siège du même côté que la lésion.
Chirurgie des paralysies faciales:Les avancées modernes
1)les greffes nerveuses transfaciales permettent de ranimer les muscles zyhomatiques paralysés et l’orbiculaire des paupières en se connectant en dérivation sur le côté sain
2)l’alourdissement de la paupière supérieure pemet une meilleure occlusopon du côté paralysé
3) des opérations réparatrices palliatives permettent une relative symétrisation au repos
4) les paralysies bilatérales bénéficient dee transferts musculaires et nerveux par microchirurgie, même chez les enfants au visage inexpressif.
Quels sont les signes d’une paralysie faciale?
Chaque étage du visage peut-être atteint en fonction de la cause lésionnelle; souvent il s’agit d’une atteinte globale car le nerf facial se divise en trois branches, vers l’oeil, la région Centro-faciale, et la région mandibulaire; le nerf facial étant un nerf moteur, les symptômes observés seront donc essentiellement des paralysies.
1) au niveau du front et du sourcil les rides disparaissent et le sourcil tombe;
2) au niveau des paupières, la fermeture de l’œil est impossible; on voit le globe tourner vers le haut quand le patient essaie de fermer les yeux; il en résulte une irritation cornéenne importante…
3) au niveau du nez et de la bouche, les muscles moteurs étant paralysés, le sourire volontaire disparaît, le sillon nasogénien s’efface, la peau et les structures sous-cutanée s’affaissent. Au contraire de l’autre côté non paralysé, il existe une surélévation du coin de la bouche par hypertonie réactionnelle.
C’est ce visage grimaçant d’un côté et atone de l’autre qui est le plus caractéristique de la paralysie faciale invalidante.
L’enfant peut-il être atteint d’une paralysie faciale?
Oui pour toutes les raisons tumorales ou traumatiques ; mais il existe un syndrome particulier, avec agénésie du nerf facial d’un côté, voire des 2 côtés: le syndrome de MOEBIUS, très difficile à réparer.
Quels ont été les progrès apportés au traitement de la paralysie faciale définitive?
Certes les paralysies faciales d’origine virale peuvent récupérer spontanément en quelques mois, souvent à l’aide d’un traitement anti-inflammatoire et cortisoné.(fig 9) Une auto-rééducation est nécessaire pour le meilleur résultat possible.
Mais les paralysies faciales définitives posent un problème très difficile, car il s’agit de réanimer un visage de façon à ce qu’il réagisse aux émotions d’une façon quasi automatique…
1) Les réparations les plus primitives et consister à enlever des fragments cutanés au niveau des sillons nasogéniens pour symétriser les deux moitiés du visage au repos; ces techniques ont-elles un effet transitoire et ne permettent pas une mimique élaborée.
2)En 1934, SIR HAROLD GILLIES, génial chirurgien des blessés de la face de la guerre de 14-18, a tenté de retendre les coins de la bouche par des bandelettes d’Aponévrose prélevées sur la cuisse, avec d’assez bons résultats pour l’époque.
3) En 1949, puis en 1953, le docteur CR MAC LAUGHLIN a imaginé de dérouter le muscle temporal, qui est un muscle masticatoire non atteint par la paralysie faciale, car innervé par le trijumeau; cette opération remarquable mais délicate à réaliser a été grandement améliorée en 2000 par un français, le docteur Daniel LABBE: Le muscle temporal est dés inséré, mais sa vascularisation et innervation sont préservées(fig 4); il est fixé par plusieurs attaches en profondeur du sillon naso-génien; progressivement ce produit une automatisation du sourire sans qu’il soit nécessaire de serrer les dents pour contracter ce muscle temporal déplacé;(résultat voir fig 5)
4) Dans les années 1970 les techniques par microchirurgie nerveuse et vasculaire se sont développées;
D’’abord les techniques de transfert nerveux trans faciales: On branche le nerf paralysé sur le nerf du côté sain grâce à une dérivation nerveuse en utilisant une greffe nerveuse prise sur la jambe; mais pour que cette opération réussisse il faut encore que les muscles paralysés gardent une tonicité suffisante. C’est le docteur Hans ANDERL qui en 1970 a décrit et réalisé cette superbe opération reconstructrice.
5) Si les muscles faciaux ne fonctionnent plus , il est possible de les remplacer par des petits muscles prélevés ailleurs sur le corps du patient: Muscle pédieux au niveau du pied, muscle petit pectoral au niveau du thorax, muscle gracilis à la face interne de la cuisse; Ces muscles sont transposés au niveau du visage mais il faut rabouter leurs artères, veines et nerfs, ce qui rend ces opérations complexes et impose une longue rééducation; les résultats en sont spectaculaires au prix de plusieurs retouches pour parfaire encore la symétrie du sourire et du visage.
6) La réparation des mouvements des paupières est plus difficile; autrefois on les alourdissait avec des petits poids en or ou des greffes de cartilage, maintenant on utilise un transfert du muscle peaucier du cou (technique de Thomas Nassif)
7) Également depuis les années 2000, l’utilisation du botox s’est répondue pour diminuer l’hypertonie des muscles de la mimique de l’autre côté de la paralysie faciale, spécifiquement pour lisser le front et obtenir une meilleure qualité de vie.
Chirurgie esthétique,la médiatisation, ses bienfaits et ses effets pervers.
La Chirurgie esthétique,la médiatisation, ses bienfaits et ses effets pervers sont à l’ordre du jour.
.On a vu récemment dans la presse et la télévision (TPMP),la polémique concernant un chirurgien esthétique français très brillant qui a été accusé de n’avoir pas bien traité quelques-unes de ses patientes de la téléréalité.
J’ai traversé personnellement également plusieurs phases de médiatisation, car étant chirurgien réparateur dans un hôpital public où j’ai développé la chirurgie esthétique pour la démocratiser, j’en suis devenu un personnage représentatif : jeune, dynamique, vulgarisateur dévoué des nouvelles techniques de la chirurgie esthétique ;
Les journalistes aimaient bien m’ interviewer, car j’avais une parole précise, concise, et très imagée pour faire comprendre les mécanismes chirurgicaux et biologiques qui étaient en jeu.
Mais cela a suscité beaucoup d’opprobres auprès de mes confrères. Je n’ai pas tardé à être ostracisé dans le cadre de nos sociétés savantes.
Mais je n’ai jamais regretté mes explications ni ma présence sur les plateaux radio et télévisés.
Toutefois , progressivement avec l’expérience aidant, je n’acceptais ces missions qu’après avoir réfléchi longuement au message qu’il s’agissait de délivrer, et à l’image que j’allais donner de ma spécialité , un peu chevelu au départ , puis rapidement dégarni, mais jamais confus.
Quels sont les bienfaits d’un passage télévisé?
À l’évidence la notoriété qui est acquise a un effet démultiplicateur momentané sur le nombre d’appels téléphoniques. Mais est ce que cela représente un « boost » important pour le nombre de patients qu’il sera donné à opérer?
Dans mon expérience, cette notoriété est plutôt transitoire et factice ; cela entraîne à consulter des patients peu motivés, mais esclaves des modes, hésitants et parfois incapables de supporter sereinement une intervention toujours plus lourde qu’imaginée ; de plus , comme ils ne sont pas envoyés par le médecin de famille, beaucoup se nourrissent de rêves plutôt qu’à une conception précise de ce qu’ils peuvent espérer en réalité pour améliorer leur apparence ou état physique.
Donc la notoriété d’un chirurgien s’inscrit sur le long terme.
Pour moi le partenaire référent idéal est le médecin de famille ou les spécialistes en ORL en sénologie, en gynécologie, et en rhumatologie, du fait que je m’occupe d’opérer le visage, la silhouette féminine, et pratiquer la chirurgie de la main-ce qui entraîne naturellement des connexions avec ces spécialités.
Mais l’établissement de ces relations privilégiées avec les différents confrères soumis à plein de propositions des autres collègues de la spécialité, suppose un très long travail de relation professionnelle.
Le but ultime n’est pas de passer par les réseaux sociaux pour provoquer l’admiration ni l’enthousiasme, mais de donner une image de sérieux, de disponibilité professionnelle, et de compétence validée par des publications scientifiques.
Quels sont les inconvénients d’une scarification télévisée pour un chirurgien esthétique?
Parmi nos opérés, il y a toujours des patients insatisfaits ou des complications dont on est responsable, et que l’on regrette. Certains patients qui ont subi ces avatars seront profondément troublés par notre présence médiatique, ce qui peut les pousser à faire en retour une action en justice ou des réclamations financières, ou une mise à l’encan via une presse qui rôde pour exhumer les scandales affriolants.
Ainsi cette hyper visibilité médiatique, qui n’occupe qu’un moment dans notre tranche de vie professionnelle, peut devenir extrêmement préjudiciable en ligne. Un de mes éminents collègues, brillant chirurgien et homme sage parmi les sages, disait régulièrement « pour vivre heureux vivons cachés » !
Sans atteindre cette philosophie de la grotte sombre et secrète où se réfugie l’ego, il me semble qu’il y a une part de raisonnable dans une prudence étudiée devant les sollicitations médiatiques que nous sommes amenés à entendre.
De plus, du fait de la présence attentive et de la rigueur du Conseil de l’Ordre des médecins, et malheureusement de la jalousie patente des confrères dénonciateurs,il est formellement ‘interdit de présenter des patients en train d’être opérés, même avec leur accord.
L’acte chirurgical n’est pas un show télévisé. Mais nous pouvons démontrer des opérations via youtube dans des conditions de sérieux absolu, pour que des confrères de la même spécialité puissent prendre connaissance des innovations techniques que notre talent peut produire.
Quelle est l’intensité du sentiment moral et éthique chez le chirurgien esthétique?
Je ne peux parler ici que dans mon expérience personnelle et des élèves que j’ai été amené à former au cours de ma carrière. Ma certitude est que 95 % de mes collègues chirurgiens partagent cette idée de vouloir faire leur travail dans une très grande discrétion, avec une très grande application, et sans aucun désir de marcher sur la tête de leurs collègues pour avoir plus de patients, ce qui impliquerait d’avoir plus de complications statistiquement…
Mais il en est un certain nombre, notamment parmi ceux qui sont les plus jeunes et qui souhaitent accélérer leur chiffre d’affaires via une accélération de notoriété,ou pour des raisons purement égotistes, qui peuvent succomber à cette pulsion de devenir le général quand on commence à être devenir soldat.
Cela est d’autant plus visible à notre époque, où la starification d’un chirurgien passe par le fait qu’il opère des stars et des gens connus, qui sont susceptibles de leur renvoyer une image iconique.
C’est vrai que cela est un risque qui se trouve vérifié par des faits récents(TPMP du 5 mai 2022). Mais tant que ses collègues possèdent une formation technique satisfaisante, qu’ils jouissent d’une accréditation officielle valide, qu’ils sont responsables de leurs actes et de leurs complications, et qu’ils sont prêts à assumer les conséquences de leur hyper médiatisation, il faut reconnaître qu’ils donnent une image à la fois séduisante de notre spécialité.
Notre spécialité a une image écornée car la dimension mercantile et prosélyte de la chirurgie et médecine esthétique polluent celle d’une spécialité thérapeutique ; d’où la pulsion néfaste de l’état qui réclame une TVA à 20 % sur les actes médicaux en chirurgie esthétique !
Dans notre spécialité les mots les plus tapés sur Google sont “stars ratées”!!
En conclusion,
Il faut reconnaître que le public et les journalistes ont besoin d’avoir des informations fiables concernant la chirurgie esthétique plastique et réparatrice, dont les progrès sont constants.
La demande évolue en nombre en fonction de l’état économique de la nation, et de la pression profonde d’une société en quête d’hyper narcissisme.
La seule validation de la présence médiatique d’un chirurgien esthétique me paraît tenir dans sa capacité à informer sur les causes et aussi les complications des opérations qu’il est amené à réaliser. Pour le moment il n’a pas besoin de montrer que sa main ne tremble pas, simplement que son esprit est clair et qu’il respecte une éthique professionnelle intangible.
Réduction mammaire pour traiter l’hypertrophie mammaire
Operation de reduction mammaire ou plastie mammaire pour hypertrophie et/ou ptose mammaire:
1)durée opératoire= 2heures
2)douleurs= modérées à nulles, traitées par anatalgiques banaux
3) hospitalisation= une nuit
4)prix= 2000à 4000e en sus de la prise encharge sécu, en fonction de la difficulté opératoire
5)risques= hématome à reprendre, petites infections sur fils profonds, sepsis important exceptionnel, risques d’asymétrie résiduelle et de reptose si la peau est peu résistante;; diminution de la sensibilté du mamelon signalée dans dans 5à 10% des cas en fonction de la technique utilisée
6) arrêt de travail= 15 jours
7) reprise des activités sportives= 45 jours
8) resultat stabilisé = 4 mois
9) appréciation = 95% de grande satisfaction
10) possibilté d’allaiter= oui avec les techniques modernes
évolutions techniques récentes:
Le dogme des 5 cm pour la longueur de la cicatrice sous-mammaire
Par le docteur Vladimir Mitz
Les plasties mammaires de réduction ou de reconstruction imposent des cicatrices ; au cours des années 2000-2020, les chirurgiens ont essayé de réduire l’importance de cette rançon cicatricielle ;
Les années 90 ont vu d’importantes modifications dans la technique des réductions mammaires; la longueur des cicatrices n’était pas considérés comme un élément déterminant parce que c’était plus la vitalité des téguments et de la glande qui préoccupaient les chirurgiens plasticiens.
Historique
Le professeur Ivo Pitanguy du Brésil à eu en ce domaine une idée fondamentalement disruptive : Ne pas séparer la glande mammaire de la peau et tailler la glande en profondeur en enlevant une sorte de quille de bateau inversée de tissu glandulaire excédentaire. La rançon cicatricielle n’était pas un élément déterminant du résultat esthétique.
Ayant fait ma thèse avec le docteur Jean-Pierre Lalardrie en 1973 sur sa technique de la voûte dermique pour diminuer les seins, j’ai pu m’apercevoir que la rançon cicatricielle restait un problème préoccupant pour les patientes opérées.
Le dogme d’une verticale de 4cm pour stabiliser le sein
La technique de Lalardrie donnait des résultats magnifiques, basée sur une réduction glandulaire de type Pitanguy; la différence résidait dans l’utilisation d’un clamp pour enlever la quantité indispensable de peau excédentaire; j’obtenais une jolie forme de seins, mais un peu plats et peu projetés du fait d’un dogme intangible: La distance entre le bord inférieur de l’aréole et le nouveau sillon sous-mammaire ne devait pas dépasser 4 à 5 cm; du coup la cicatrice sous mammaire était très longue pour éponger l’excédent cutané; elle barrait parfois affreusement le thorax dans le cas des gigantomasties, où l’on enlève 1000 gr par côté…
À l’hôpital Boucicaut de Paris où j’opérais à l’époque, j’ai découvert que l’on pouvait allonger la cicatrice verticale sous-mammaire et que cela diminuait la longueur de la cicatrice horizontale sous-mammaire :
D’ailleurs le docteur Daniel Marchac, préconisait aussi, au cours des Congrès de chirurgie plastique, que lui aussi œuvrait pour obtenir une cicatrice sous mammaire la plus courte possible ;
Dans les années 1975, le docteur Claude Lassus, chirurgien niçois, utilisait une technique originale avec une cicatrice verticale pure sous mammaire, se débrouillant avec une grande habileté, pour totalement éviter la cicatrice horizontale.
Sa technique confidentielle au départ, fut reprise par le docteur Madeleine Lejour, de Bruxelles, qui est la popularisa brillamment.; plus aucune cicatrice horizontale sous-mammaire dans cette méthode!
L’introduction de la liposuccion permettait de réduire la composante graisseuse des seins opérés.
Inconvénient de la cicatrice verticale pure ?
L’inconvénient de cette cicatrice verticale pure est qu’elle expose à une récidive de la ptôse mammaire car on enlève moins de peau pour stabiliser la glande mammaire sous-jacente ;
Le SMAS(systeme musculo-aponévrotique superficiel de la face) est un structure anatomique que j’ai décrite en 1974; il a permis le renouveau de la chirurgie de rajeunissement du visage.Cette structure déjà manipulée pendant les opéations de lifting par J.Bourguet au début du 20è siècle , puis surtout par T.SKOOG à la même période où je l’étudias , s’est révélèe d’une grance importance pour réussir des liftings bi-couches , donnant des visages bien tendus mais naturels à codition d’utiliser des vecteurs appropriés.
Le lip lift est une opération chirurgicale remarquable car il donne un grand résultat pour de toutes petites cicatrices. Cette intervention permet de raccourcir la lèvre blanche entre la base et le bord supérieur de la lèvre; il fait ainsi apparaître les dents du haut pendant le sourire, car celles-ci sont souvent cachées chez des patientes d’un certain âge, au moment crucial du sourire à bouche ouverte;
Des cicatrices sont dissimulées au niveau de la base du nez et à l’intérieur des narines; elles sont rarement visibles et peut-être encore améliorées par un traitement au laser;
Quelles sont les bonnes candidates pour l’opération? Quels sont les problèmes à résoudre ?
1- Une lèvre blanche trop longue : du nez au bord de la lèvre supérieure, plus de 6 cm (normale= 4 à 6cm):
Certaines patientes ont de façon congénitale une lèvre blanche trop grande qui cache les dents du haut au moment du sourire; ce peut-être aussi le cas de patientes plus âgées, qui de plus ont affiné leur lèvre supérieure;
D’autres patientes ont abusé des injections de silicone très utilisé autrefois ; cette huile destinée à augmenter la lèvre a alourdi leur lèvre supérieure; celle-ci retombe devant des dents du haut, donnant un sourire triste.Les dents du haut sont toujours couvertes par la lèvre tombant en rideau occlusif.
2- Une lèvre rouge supérieure trop fine
Des lèvres minces ne sont plus réellement à la mode; un caractère plus pulpeux semble être exigé par la majorité de la population y compris parfois par les hommes; l’épaississement de la lèvre rouge peut se faire de multiples façons: Injection d’acide hyaluronique, plastie locale en YV, ou encore éversion de la lèvre supérieure grâce au lip lift; ces gestes peuvent être parfois combinés. L’essentiel est de préserver le philtrum, et de conserver une anatomie naturelle, en tout cas dans ma pratique , et de ne pas créer un aspect artificiel et trop remarquable.
3- Comment s’effectue l’intervention?
Elle peut être faite sous anesthésie locale en ambulatoire; c’est une opération minutieuse mais peu grave et relativement simple et standardisée;
Un dessin très précis doit être fait avant l’opération en tenant compte des asymétries gauche-droite fréquentes, et d’inclinaison de la bouche par rapport à l’horizontale;
- désinfection locale
- anesthésie locale
- découpe d’une petite bande située à la jonction du nez et de la lèvre mais n’allant pas sur les côtés de la narine, contrairement à beaucoup d’opérateurs; ceci afin de conférer à la cicatrice un aspect quasiment invisible aussi bien de face que de profil.
- coagulation des petits vaisseaux qui peuvent saigner
- suture minutieuse en deux plans avec des fils résorbables
- un petit pansement est ajusté pour 7 jours
Le résultat est immédiat à la fin de l’opération : La lèvre supérieure est plus courte et elle est un peu éversée; les douleurs sont minimales, des petits sont à type de projection d’eau pulvérisée seront suffisants pour maintenir une hygiène correcte.
L’opération de lip lift aussi souvent pratiquée à l’occasion d’une autre opération de chirurgie esthétique du visage: Lifting rajeunissant, ou opération des paupières, ou tout autre geste nécessaire pour rajeunir ou embellir; elle se fait alors dans une clinique ou en milieu hospitalier.
4- Quels sont les soins post opératoires?
- pulvériser de l’eau minérale
- éviter l’eau du robinet pendant en 8 jours car elle est peu stérile
- éviter une alimentation trop riche en sucres, qui favorisent l’infection
- appliquer des crèmes cicatrisantes quand le pansement protecteur est enlevé
5- Quelles sont les complications?
- un excès ou une insuffisance de la quantité de peau enlevée sous le nez, ce qui ne donne pas un résultat satisfaisant; l’expérience du chirurgien est donc fondamentale; il vaut mieux enlever un peu moins que trop, on peut toujours faire une retouche si la lèvre blanche reste trop longue; par contre si on a trop raccourci, la réparation devient problématique.
- une cicatrice qui devient hypertrophique
Il s’agit d’une cicatrice rouge et épaisse, qui démange ou même peut être douloureuse;
Il faut alors utiliser des infiltrations de produits cortisonés, ou encore utiliser une solution laser;
6- Des résultats qui durent longtemps
Le lifting de la lèvre supérieure est une opération très utilisée par les chirurgiens esthétiques français; il a beaucoup d’avantages dans les cas précis que nous avons mentionnés; mais sa réalisation reste délicate: Un impératif essentiel est d’éviter les cicatrices qui contournent la narine sur les côtés extérieurs, et de privilégier les cicatrices internes à la base du nez.
Dans ces conditions, le Liplift représente un atout majeur pour améliorer l’esthétique des lèvres et de la région péri buccale.
Traiter les Douleurs après chirurgie esthétique
Traiter les Douleurs après chirurgie esthétique ? c’est possible et même recommandé(loi kouchner antidouleurs, prescription d’anatlgiques par l’anesthésiste responsable)
Les Douleurs après une chirurgie esthétique peuvent être traitées !des solutions efficaces existent pour Traiter les Douleurs après chirurgie esthétique .
Une angoisse très fréquente chez les patients opérés d’une chirurgie esthétique concerne l’apparition de douleurs post opératoires insupportables dans les suites immédiates ou secondaires ;
POURQUOI UNE DOULEUR ?
Les causes physiques de la douleur sont parfaitement identifiées :
Il existe 3 étages de la production de la douleur dans les suites immédiates d’une opération de chirurgie esthétique : bien que le chirurgien compétent esquive les petits nerfs peu visibles par une dissection douce, il est parfois nécessaire de les sectionner pour décoller les tissus.
2) La transmission via les filets nerveux jusqu’à la moelle épinière puis le bulbe cérébral est la voie de la propagation du message douleur ;
3) L’interprétation du message douleur se fait au niveau sous cortical (cerveau automatique) puis cortical, avec un décodage très variable d’un patient à l’autre de l’intensité ressentie du message douloureux ; un patient pourra sursauter et hurler, un autre ne dira rien et endurera
En fait, L’apparition des douleurs est en général retardée après l’opération : Souvent les chirurgiens esthétiques dont moi-même utilisons une anesthésie locale ou régionale en plus de l’anesthésie générale : nous pratiquons une infiltration des tissus préalablement à toute incision par une solution diluée de lidocaïne adrénalinée ; la durée de cette anesthésie locale est de 4 à 6h post opératoire ;
UNE LOI KOUCHNER ANTI DOULEUR
Du fait de la loi antidouleur datant de la période Kouchner, l’anesthésiste a pour mission de prescrire des antalgiques et des anti-inflammatoires d’une puissance adaptée à l’opération qui a été pratiquée.
Mes recommandations sont d’utiliser plutôt au départ des antalgiques banaux (paracétamol 1 g) à répéter trois quatre fois par jour ; mais dans le cas où ce traitement est insuffisant, la patiente a pour indication de prendre les médicaments antalgiques plus puissants, parfois des morphinomimétiques en cas de douleurs très prégnantes, associés à des anti-inflammatoires.
DES DOULEURS PENDANT LONGTEMPS ?
Les Douleurs post opératoires peuvent perdurer une semaine, en s’atténuant progressivement ;
Je voudrai ici envisager les douleurs persistantes, devenant ainsi anormales, sortant du cadre des algies post opératoires banales.
1) La section d’un nerf sensitif important peut entraîner un névrome; c’est le cas de la section d’une branche nerveuse du plexus cervical superficiel au cours d’opérations de lifting où le chirurgien coupe par mégarde un rameau nerveux très peu visible; les douleurs de névrome sont caractéristiques, car il existe un point hyperalgique lorsqu’on touche du doigt le point nerveux blessé ou coupé, qui cicatrise en une sorte de petite boule très sensible dès qu’on l’effleure; ces douleurs névromateuses sont difficiles à guérir; elles peuvent imposer une reprise chirurgicale pour enfuir le névrome plus profondément dans un muscle. Une récidive est toujours possible ; dans certains cas une suture microchirurgicale a été tentée avec un certain succès, mais c’est beaucoup d’efforts pour un simple souci sensitif.
2) Les douleurs concernant la transmission médullaire des sensations douloureuses ont la caractéristique d’être augmentées au cours des changements de position de la colonne vertébrale ; leur amélioration implique un changement postural voir une rééducation par une kinésithérapie bien orientée. Cela peut être le cas à la suite de certaines plasties abdominales, où l’on a pratiqué un grand décollement et une mise en tension des nerfs sensitifs.
3) Le contrôle central des douleurs perçues :
L’interprétation de la douleur au niveau du cerveau est très variable d’un patient à l’autre ; certains ont une excellente tolérance aux douleurs, et les maîtrisent facilement ;
D’autres patients ne supportent absolument aucune douleur, celle-ci entraînant hyperactivité, angoisse voire même un état dépressif ; cette dépression s’installe subrepticement, augmente, perdure, et bousille le quotidien ; elles sont d’autant plus mal supportées qu’il existe déjà au départ un état dépressif latent. Dans ces cas, le recours à un psychiatre ou psychologue compétent sera indispensable pour que le sujet puisse dominer sa douleur le temps que celle-ci s’amende progressivement, par association de psychothérapie, rééducation et antalgiques qu’on diminue progressivement.
4) La complication post opératoire est la cause la plus fréquente des douleurs post opératoires
– hématome géant après des prothèses mammaires ou un lifting mettent les tissus en sérieuse distension : une reprise au bloc en urgence est à prévoir
– infection du site opératoire avec rougeur et chaleur, parfois écoulement purulent
– désunion de la cicatrice, à la suite d’une suture sous trop grande tension ;
Dans ces cas de complication post-opératoire, il faut d’urgence rappeler le chirurgien pour qu’il fasse un état des lieux et qu’il mette en route le traitement approprié qui peut aller jusqu’à une reprise chirurgicale en urgence.
En conclusion,
La chirurgie esthétique n’entraîne que très peu de phénomènes douloureux chroniques, insupportables ou dérangeants ; la panoplie des thérapeutiques est suffisamment large pour qu’un traitement adapté soit ajusté pour chaque patient, en fonction non seulement de la cause précise de la douleur mais aussi de la psychologie de celui qui doit l’endurer.
Le chirurgien esthétique doit traverser la peau qui est l’organe principal de la perception du monde extérieur : La multitude des filets nerveux sensitifs, et des récepteurs qui parsèment notre enveloppe cutanée explique que cela crée un inconfort qui en règle est transitoire.
Ce n’est que dans les rares cas où il existe une douleur prolongée et inhabituelle que le chirurgien devra rechercher une cause précise à cette souffrance, qui n’est exceptionnellement une création totale de l’esprit dérangé par le traumatisme opératoire, et qui peut être majoré par une insatisfaction devant le résultat obtenu.
Cette approche psychosomatique des douleurs subaiguës ou chroniques m’a été enseignée par mon maître le dr RAYMOND VILAIN, à l’hôpital Boucicaut à Paris : ce chirurgien génial, qui a crée SOS mains Boucicaut en 1976, nous avait plongé dans la microchirurgie réparatrice des membres en urgence ; « La main est le parking des angoisses » disait-il, frappé par le fait qu’une toute petite lésion d’un doigt pouvait entrainer la paralysie de tout un membre supérieur, dans une chaine émotionnelle imparable, confinant parfois à des positions hystériques, car la blessure du doigt n’était qu’un petit symbole au travers duquel tous les malheurs passés du patient se bousculaient en une dramaturgie impressionnante.
L’art et la chirurgie esthétique
On parle souvent du caractère artistique du chirurgien esthétique, comparant son adresse chirurgicale à la virtuosité que manifeste le peintre ou le sculpteur, maniant habilement son pinceau ou son burin.
C’est vrai que (comme dans une activité artistique), l’expérience du chirurgien conduit à une forme de plénitude du rendu chirurgical, comparable à un tableau de la Renaissance aux belles formes harmonieuses, et aux couleurs chatoyantes.
Réussir l’opération du premier coup sans erreur!
Contrairement à l’artiste le chirurgien n’a pas le droit à l’erreur, bien que dans certains cas, il lui faille faire des retouches pour arriver à un résultat aussi parfait que possible; bien sûr; l’opération peut se prolonger, des petites retailles, reprises, modification des tissus sont parfois nécessaires pendant l’acte, mais une seule opération définitive est souhaitée par le patient super informé de nos jours, tolérant mal l’approximation et le retour au bloc pour reprise sous anesthésie.
Toutefois, comme dans l’art, le chirurgien esthétique connait l’inspiration du moment, ce qui rend son opération non pas aléatoire mais comportant un certain nombre de coups de bistouri variables dont le but final est d’arriver au résultat souhaité, non pas par un esprit chirurgical artistique, mais bien dans l’optique et le désir du patient demandeur d’une réparation d’un complexe.
C’est pourquoi on parle beaucoup plus d’une technique chirurgicale que d’un art de la chirurgie, bien que beaucoup de praticiens dans cette discipline se souhaitent intérieurement dignes d’un artiste et non point d’un moindre exécutant! Artisan plus qu’artiste, c’est ainsi que se voit la majorité des collègues en exercice.
Pourtant, à la différence fondamentale d’un artiste, le travail idéal du chirurgien esthétique est un rendu qui demeure INVISIBLE, Naturel, NON RETOUCHE!
Pas de félicitations glorieuses à attendre de ceux qui voient, remarquent ou critiquent un nez opéré d’évidence, ou un lifting si tendu que les oreilles se rapprochent du nez ou la bouche soit fendue en gueule de vieille carpe…
Une prédisposition génétique?
Un certain nombre de mes collègues sont issus de familles où il y avait un parent peintre ou sculpteur, designer ou publicitaire.
Ce n’était pas du tout mon cas;
Mon premier rapport à l’art est apparu bien tard quand j’étais étudiant en médecine, à la Faculté de Médecine des Saints-Pères à Paris.
Ce bâtiment hiératique, au fronton orné de sculptures célébrant la médecine antique, est situé en plein milieu des galeries parisiennes dévolu à l’art le plus moderne; c’est en me promenant dans ce quartier que j’ai découvert la beauté d’un tableau de Soutine, représentant la lune peinte à grandes flaques de blanc de zinc, en pleine nuit tourmentée parsemée de nuages éventés, tableau bien au-delà de mes moyens financiers à cette époque d’indigence pour moi; ce tableau qui m’a toujours fait rêver, était vendu dans une galerie spécialisée dans l’école de Paris dont la propriétaire, maligne, l’exposait en ayant changé le nom du peintre, pour éviter que l’œuvre ne soit volée par un amateur malhonnête!
Petit à petit, et dire que mes moyens me l’ont permis, j’ai acquis des œuvres de certains de mes patients qui, en tant qu’artistes me consultant par hasard, ont ressenti en moi une fibre artistique naissante, comme amateur d’art et non comme pratiquant.
Pratiquer un art pour éduquer l’œil et la main
Je me suis rendu compte cours de ces années que seule la pratique du dessin, et à moindre degré, de la peinture me permettait de mieux comprendre la qualité d’une œuvre artistique, et l’importance de la lumière reflétée par le corps humain ou par un objet: Cette constatation fondamentale a d’ailleurs beaucoup influé sur mes techniques de rajeunissement du visage chez les patients âgés, notamment en augmentant des volumes disparus au niveau des pommettes des joues ou des tempes;
C’est surtout la pratique de la sculpture sur le marbre ou sur des calcaires qui représente ma source de joie artistique la plus féconde, suivi par le dessin sous toutes ses formes; bien sûr la beauté de la femme et la volupté qu’elle dégage restent une source d’inspiration fondamentale, ce qui m’évite des pulsions disparates et plus ambiguës.
Finalement je ne considère pas les actes chirurgicaux comme une pratique artistique, mais la formation et l’exercice de l’art sont par contre un moteur fondamental dans mon analyse de chaque patient à opérer, et dans la prévision en 3D des volumes à améliorer à restituer ou à diminuer; l’exemple le plus frappant on est la plastie de réduction ou d’augmentation mammaire: Là où beaucoup de mes collègues ont besoin des ordinateurs ultra sophistiqués pour se représenter l’objectif final de leur intervention, j’ai développé une sorte d’instinct pour imaginer
les surfaces et les volumes à modifier pour parvenir au résultat idéal sans trop de perte de temps ni d’erreurs .
Par contre bien que j’apprécie l’art abstrait, celui-ci me semble plus difficile à intégrer en tant que substrat de pensée pour mon exercice de chirurgie au quotidien; je reconnais que la trouvaille de l’équilibre dans un tableau de Kandinsky, de Paul Klee ou des primitivistes russes est toujours une émotion forte, mais ne comporte pas d’arc-en-ciel d’inspiration pour la conception d’un acte opératoire, du moins en ce qui me concerne.
Chirurgien esthétique aimant l’art mais pas artiste total!
Je pense qu’il faut se méfier des chirurgiens esthétiques qui se considèrent comme des artistes; il y en a eu qui ont réussi cette double vocation, qui ont voulu faire des Expositions et VENDRE leurs œuvres comme tout peintre ou sculpteur en quête de renommée-en même temps qu’ils menaient une carrière chirurgicale; ce fut le cas du Suisse Rudi Meyer; mais on ne peut pas être grand en personnage dédoublé; beaucoup de mes collègues ont des talents de dessinateur ou d’artiste, comme feu mon ami Jacques le Pesteur, peintre de grand talent sous le nom de Boroffe; mais lui qui était un peintre extraordinaire, ayant étudié aux Beaux-Arts, ne voulait pas porter le même nom que le magnifique chirurgien qu’il était. Pourquoi?
Sans doute par une sorte de pudeur et par un instinct qui lui disait de bien séparer son activité professionnelle brillante, et sa pulsion artistique- pour laquelle il réservait une grande partie de son temps secret, s’ouvrant à des amitiés avec d’autres créateurs bien en dehors du monde du bistouri.
Mais l’art nourrit notre esprit scientifique, car être chirurgien, c’est être homme de technique, de raison, de cartésianisme auquel une bonne pincée d’instinct, de talent, d’inspiration, de doutes vient apporter son pesant d’or d’humanité et d’empathie.